Marie-Claude Oberti, la passementerie pour passion !

Quand on pense à Belloy-en-France aujourd'hui, la passementerie ne nous vient pas spontanément à l'esprit. Et pourtant ! Cela fait presque deux siècles qu'un certain M.Charlot a implanté la passementerie dans notre commune parceque ... les salaires étaient moins élevés qu'à Paris (une première forme de délocalisation...). Vers 1930 notre village comptait une dizaine de  passementerie.

Marie-Claude Oberti, la passementerie pour passion !

Aujourd'hui ne subsistent que "Les Passementeries de l'Ile de France" qui ne comptent qu'un seul concurrent sur leur créneau en France. Une rencontre s'imposait donc.

Laissez parler Marie-Claude Oberti, écoutez-la et vous découvrirez un métier d'art, fidèle aux traditions de la profession mais en phase avec les nouveautés technologiques.

C'est son grand-père, Georges Doudoux qui a racheté cette passementerie à M. Lemaire en 1926 après avoir quitté celle où il était employé Rue des Carreaux. Il y a alors travaillé avec sa femme et ses enfants pour réaliser tous les accessoires de mode en passementerie. Il travaillait notamment à l'époque avec des retords (dont un est encore en usage), immense instrument de plus de trente mètres de long !

En 1947, ce fut le père de Mme Oberti, Georges Doudoux également, qui reprit l'affaire. Il y travailla d'abord seul avant d'embaucher un ouvrier, puis deux et jusqu'à une trentaine en 1962 (une quinzaine en atelier et une quinzaine à domicile). A l'époque il y avait deux grossistes importants à Paris. M. Doudoux travaillait pour l'un des deux tandis que l'entreprise Gomme (rue Mirville) fournissait le second mais, insiste Mme Oberti, il n'était pas question de se faire de la concurrence sauvage entre eux !

En 1962, Marie-Claude Oberti et son mari Robert, succédèrent à M. Doudoux. Ils continuèrent à fournir leur grossiste parisien jusqu'en 1971 où ils créèrent "Les Passementeries de l'Ile de France" pour diffuser leurs propres productions et devenir ainsi eux-mêmes, grossistes. Plus de 100 personnes travaillaient alors pour l'entreprise (toujours une moitié à l'atelier et l'autre moitié à domicile) et leurs principaux concurrents étaient alors les passementiers français et italiens !
Aujourd'hui, la concurrence s'est délocalisée vers la Chine et, dans une moindre mesure, l'Inde. Mais grâce à la vigilance des dirigeants (aujourd'hui Yves, Jean-Christophe et Thomas Oberti) et au savoir-faire des employés ("Il faut trouver le bon créneau" précise notre interlocutrice), l'entreprise est toujours en pleine activité et emploie 20 personnes en atelier, une dizaine à la distribution et deux à domicile. Les temps ont bien changé : des machines ultramodernes coexistent dans l'atelier avec les métiers les plus traditionnels pour satisfaire la clientèle qui se situe en France bien entendu (grands hôtels comme le Plazza Athénée ou le Ritz) mais aussi au Royaume-Uni, aux Usa (notamment un gros client à New York) ou au Moyen-Orient. Lors de notre venue, l'atelier confectionnait notamment la passementerie pour 60 fenêtres (commande d'un décorateur) mais travaillait aussi en urgence pour un grand hôtel parisien qui refait une suite destinée à un premier ministre étranger de passage à Paris dans quelques jours.
Pour compléter les ateliers et bureaux situés à Belloy-enFrance, un showroom (11 rue Trousseau à Paris 11ème) permet d'exposer (et vendre !) la production de l'entreprise.

Mme Oberti a eu la gentillesse, avant notre départ, de nous faire visiter le petit musée qui a été installé dans l'enceinte de l'entreprise : on y retrouve de nombreux documents témoins de l'histoire de cette passementerie mais aussi un certain nombre de productions qui, au fil des ans, on porté haut les couleurs de Belloy-en-France dans de nombreuses expositions à travers le pays.

Comment ne pas souhaiter que nos concitoyens connaissent mieux cette entreprise, qui représente une activité économique importante et qui demeure, au beau milieu de notre village, un trésor à préserver.

Jean-Marie Bontemps